jueves, 5 de octubre de 2023

JE N'AI PAS L'INTENTION DE MOURIR DE MON CANCER, NOUS DIT UNE COMÉDIE MUSICAL CE WEEK-END


« AKA KRAKA, LE JEU DU PROTOCOLE» sera à Laval  le samedi 7  octobre à 20,30 heures et le dimanche 8 octobre à 16 heures au Petit Théâtre, 8, rue Jean Maçé. Anne Ostergaard déclame, chante, joue…  accompagnée de Frédéric Reynier, pianiste improvisateur.

- Quelques jours après la confirmation de mon cancer – Anne Ostergaard raconte -,  en chemin pour un rendez-vous à l'ICO Nantes avec mon  oncologie, soudainement j'ai su que je devais faire un parcours de création artistique pour accompagner mon parcours médical. Le corps médical allait traiter mon corps physique mais l'art, la musique,  le chant, le théâtre m'étaient indispensables pour "digérer" l'expérience. De plus, je me sentais envahie par des expériences, des rêves, des rencontres, bref, l'annonce du cancer avait déclenché une avalanche d'inspiration. J'avais la chance  de travailler avec Enrique Pardo et Linda Wise, fondateurs du Panthéâtre et membres fondateurs de Roy Hart Théâtre, et c'était une évidence qu'il fallait créer la pièce avec eux. Et  Frédéric Reynier a mis la bande-son de ce parcours.

Pour moi, ce n'était pas une question de force ou de lutte, mais au contraire d'une volonté d'aller avec le courant. Il y avait cette nouvelle réalité, un cancer du sein, qui se présentait à moi, et il fallait que je suive le courant. Nager à contre-courant aurait été trop fatiguant. L'image des baigneurs sur la plage atlantique emportés par la marée me vient à l'esprit : s'ils essaient de revenir sur la plage, ils s'épuiseront. S'ils se laissent porter par la mer, ils reviennent à la plage, certes pas au même endroit, mais sains et saufs... 

Une autre raison, que j'évoque dans la pièce en disant : "Je n'ai pas l'intention de mourir de mon cancer" : Pourquoi ne PAS mourir ? Pas tellement par peur de la mort, ni par peur de laisser mes 3 enfants sans leurs mère - ils sont forts, ils se débrouilleront sans moi! -, mais parce que je réalisais, comme c'est souvent le cas, que j'avais des choses à dire et à faire avant de mourir et sans suivre ce chemin, je risquais de laisser mes enfants avec une fausse image de leur mère... 

 J'étais étonnée de constater qu'avant d'avoir un cancer, je n'avait aucune idée du vécu, des traitements, et de l'après un cancer. Je pense qu'il est important d'en parler ouvertement. J'ai l'impression que la société et le corps médical cherchent à nous guérir, à nous sauver  -GRAND MERCI! -, mais... il y a comme des craintes de voir ce que le cancer et les traitements nous font, les impacts sur notre corps, notre vie -  familiale, professionnelle, émotionnelle, de couple -. Il y a tant de propositions esthétiques ou médicaux pour cacher les effets secondaires    En même temps, j'ai entendu tellement de témoignages des gens,  des femmes, qui comme moi ont profité pleinement de l'expérience pour ouvrir des portes, créer d'autres relations. Les traces ne sont pas que négatives.   

Parfois on peut avoir l'impression de ne pas être compris - entièrement - par le corps médical. A juste titre, le rôle principal des soignants et de soigner, mais il y a des mots qui blessent, des gestes qui agressent, une forme de rigidité dans le protocole qui peuvent laisser les patients dans une sensation de ne pas avoir être pris en compte, comme personne, mais plutôt comme corps à soigner; je me corrige : non pas un corps à soigner, mais une personne atteinte d'une maladie qu'il faut soigner. Si les soins provoquent d'autres maux, alors essayera de les soigner aussi ainsi de suite.  Il est important de rappeler que le cancer se trouve dans le corps d'une personne... Je ne suis pas très claire, pas trop le temps là…

Pour moi, il a été important de constater que nous avons chacun.e notre façon d'affronter, de partager ou pas  une rencontre avec le cancer. Nous avons chacun notre "vérité", il n'y a surtout pas qu'une vérité. Nous pouvons nous inspirer les uns des autres, nous pouvons mieux comprendre et accompagner les gens qui nous entourent...  Pour moi, il est si important d'en parler, de créer des espaces, des possibilités, des mouvements. 

Personnellement, le chant, le théâtre, l'écriture, la création étaient d'une importance extrême pendant les  traitements lourds. Tout comme les échanges avec mon metteur en scène, Enrique Pardo Chanter dans un spectacle une semaine après mon opération, l'ablation du sein, m'avait permis, littéralement, de connecter avec mon corps, de me relier à travers la cicatrice qui me coupait en deux parties, horizontalement et verticalement. 

Le rôle de l'accompagnant et de la famille, les amis, me semble également très important à évoquer. Frédéric Reynier, pianiste - improvisateur, qui m'accompagne au piano pourra sans doute en parler aussi. Face au cancer, on est seul.e ! Mais comme Kraka, on peut être accompagné.e...      

Un message ... peut-être ceci : Le plus tôt vous détectez le cancer, le moins lourds les traitements ! 


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