Vivre à 700 kilomètres au nord de la Bidassoa, dans la France verte et brumeuse où Panorámix a perdu le chaudron, ne m'empêche pas de suivre quotidiennement l'actualité du royaume des espagnes, cette conspiration absurde et cacophonique d'imbéciles que je connais depuis ma naissance fortuite, toutes les naissances sont un accident, dans le quartier Gros de Saint-Sébastien.
L'une des pires choses de ma vie de voyageur a toujours été de devoir expliquer mon pays d'origine aux étrangers : la dictature, le terrorisme, la transition, l'aznarisme, la corruption, la corrida, le franquisme, Pedro Sánchez, l'économie... Cette difficulté, la distance historique et culturelle complique les ponts entre les interrogateurs et l`interrogé, s'est aggravée ces derniers temps avec la présidence du jupitérien Macron, le comportement dépravé des patrons français - ils donnent pour reconstruire une attraction absurde du tourisme parisien et font le désinvestissement dans le tissu industriel et agricole qui les a rendu riches -, le lepénisme raciste d'un tiers des citoyens, la perte des valeurs républicaines en matière d'éducation, l'agonie de la santé publique...
Les Français disent que "l'herbe est toujours plus verte dans le pré du voisin" et parlent avec admiration de la capacité du funambule de Pedro Sánchez, grand, beau, cultivé et doté de langues, à diriger un gouvernement de droite européen civilisée avec le soutien de des restes du front populaire, un inexplicable crétin séparatiste qui vit en Belgique – où il n'y a que des frites et des moules -, des clercs basques qui chantent et dansent au pied des Pyrénées... et, au final, avoir une forte économie qui tire le train européen avec plus de joie que l’axe franco-allemand chancelant.
J'ai renoncé à commencer à expliquer l'Espagne en parlant de la bande du curé Santacruz, comme je le faisais au temps de l'ETA éveillée, ou de la dictature de Primo de Rivera, pour justifier la moustache du contrôleur des impôts du nain mental de la guerre en Irak, ou la chatte de Bárbara Rey, posant les racines de la subsistance des Bourbons se prélassant dans la cour des miracles de Madrid, ou les Saints Innocents de Miguel Delibes et Mario Camús, exemple de l'économie espagnole que veulent les libéraux madrilènes... maintenant, je commence dans l'ordre chronologique inverse : aujourd'hui, l'arène ibérique est gouvernée par un homme de 52 ans qui a passé hier une autre journée éreintante au bureau à faire des choses , certains bien, d'autres moins bien et qui y travaille depuis qu'il a été démocratiquement élu, en Espagne il y a un certain semblant de démocratie, parce que son corps le demande, ce qui m'est incompréhensible car je n'ai pas l'intention de lui acheter une voiture d'occasion, et qui pourrait être un excellent président de la république espagnole pour achever la sanglante et longue transition espagnole qui nous a déjà pris trop de temps.
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